Livres

Célia Houdart
À l’ombre d’une jeune fille en fleurs

Entre Haute-Provence et Jura suisse, au plus près des sensations, de la présence au monde, un croquis d’adolescence aux esquisses enivrantes. Superbe.

Partagée entre la Suisse et la Provence où vivent respectivement ses parents, Milva, 16 ans, croque la vie dans le carnet à dessins qui l’accompagne partout. Balades avec son meilleur ami, sorties au Bikini Test, séances de cinéma, tout est prétexte à capter la lumière. De retour chez sa mère, l’adolescente croise son demi-frère Théo et sa compagne Kyoko. Sous le soleil, les adolescents partagent une baignade qui fleure bon Les Roseaux sauvages de Téchiné. Lorsque Théo, rattrapé par l’ombre de trafics louches, est contraint de se cacher, c’est encore grâce au dessin que Milva tente de lui porter secours.

Dans une prose poétique délectable, la plume de Célia Houdart (Les Merveilles du monde, Gil) chante les gestes du labeur quotidien, l’éclosion de la nature, le regain d’une ancienne union. « L’amour à l’époque était comme un chant grave. Maintenant tout était mieux. À la fois plus léger et plus profond. » L’intérêt porté à chaque personnage se traduit par des apartés pudiques et méticuleux. Brins de lavande, buissons de grenadiers, reines des prés, la vie bruisse à chaque page avec un appétit de regards, d’odeurs, de présences. Se faufilant à l’arrière-plan, même l’apparition de la silhouette de l’humoriste Zouc parvient à exister. Et lorsque le danger gronde à la marge, il est traité avec le même discernement, ce toucher léger appliqué dans une quête attentive de lumière et de couleurs. « (…) Une liberté s’exprime. Pour que la main parle d’elle-même. » Tout en esquisses enivrantes, au plus près des sensations, un portrait d’adolescence d’une délicatesse rare. 

LES FLEURS SAUVAGES, CÉLIA HOUDART, P.O.L, 208 PAGES.